Diapason© au service du vivre ensemble des croyants chrétiens et musulmans

1000 600 Gilles LE CARDINAL

Atelier organisé par l’Université de technologie de Compiègne & COOPREX International avec Gilles LE CARDINAL.

L’atelier a réuni une quarantaine de personnes réparties en neuf tables afin de rechercher activement les conditions de fécondité du dialogue chrétiens-musulmans. Des musulmans, différentes tables. L’atelier s’est appuyé sur Diapason©, un serious game issu de la méthode PAT-Miroir© développée par l’Université de Technologie de Compiègne. Ce jeu permet à quatre personnes d’étudier une situation relationnelle délicate car deux points de vue aux logiques différentes s’y rencontrent. Son objectif est double : permettre aux quatre participants-joueurs d’élargir leur perception de la situation étudiée grâce à la découverte des idées en trois autres ; construire ensemble des préconisations consensuelles qui permettant de sécuriser la situation, d’atteindre tous les objectifs souhaitables, et de définir les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour éviter que la situation ne se transforme en conflit. L’objectif final est d’identifier une cinquantaine de propositions concrètes visant à surmonter les blocages dans le dialogue entre les Chrétiens et les Musulmans.

La démarche proposée par Diapason

  • Première étape : analyse de la situation par les peurs, attraits et tentations.

Chacun doit remplir six cartes : les trois premières sur la peur, l’attrait et la tentation que suscite ce dialogue du point de vue Chrétien, les trois suivantes en prenant cette fois le point de vue musulman. Chacun dépose ses cartes sur le plateau de jeu qui comporte ainsi 24 cartes. Une lecture du plateau de jeu permet de découvrir ce qu’on écrit les trois autres, puis d’y mettre une note d’importance, ce qui conduit à une hiérarchisation des idées de la table. Cette étape conduit à une description des risques, des bénéfices et des comportements inadaptés au dialogue chrétiens-musulmans. Il permet de conclure sur le degré de dangerosité de cette situation.

Evaluation de la situation : deux tables très optimistes ont abouti à une situation favorable, les peurs et tentations énoncées étaient inférieures aux attraits identifiés chez les chrétiens comme chez les musulmans. Quatre tables ont caractérisé ce dialogue comme instable, car les peurs, les attraits et les tentations étaient à peu près au même niveau pour les deux points de vue. Une table a conclu que les chrétiens risquaient un blocage mais pas les musulmans. Une autre table voyait un blocage possible des deux côtés. Enfin, une table à conclu à un conflit potentiel chez les chrétiens et à un blocage possible chez les musulmans. Une grande majorité a donc reconnu que le dialogue n’est pas évident à réussir et qu’il est important d’identifier les conditions à mettre en place pour mettre toutes les chances de son côté.

  • Deuxième étape : préconisation pour la fécondité des rencontres.

La seconde partie de l’atelier a consisté à rechercher, en discutant à chaque table, des préconisations qui faciliteraient le dialogue, éviteraient son échec et engendreraient des résultats féconds. Deux remarques. La première est attendue : les équipes mixtes étaient mieux régulées que les équipes mono-confessionnelles, chrétiennes en l’occurrence. La seconde l’est moins : quand les chrétiens d’une équipe mixte expriment la crainte d’apparaître dominateurs ou voulant essayer de convertir, les musulmans présents ne les accusent pas de cette situation.

En deux heures, les huit groupes ont pu formuler chacun un ensemble de « bonnes pratiques » pour conduire un dialogue fructueux entre chrétiens et musulmans. Faute de temps, il n’a pas été possible de les collecter en séance. La synthèse qui suit a donc été faite à postériori par les animateurs. Six axes sont ressortis des idées de bonnes pratiques collectées : l’éducation des jeunes et formation continue des adultes ; découverte de l’altérité et en tirer parti ; organisation de rencontres ; attitude relationnelle ; vivre ensemble au quotidien ; approfondissement de la foi.

L’ensemble des idées collectées, classées en ces six axes, a permis d’écrire un plan d’action. Les grandes idées de ce programme consistent d’abord à pallier l’immense ignorance de part et d’autre, l’urgence semble être de former jeunes et moins jeunes aux deux cultures religieuses, éduquant par la même occasion aux régles de dialogue interculturel qui sont trop méconnues. Ces règles gagneraient à être synthétisées sous la forme d’une « charte de la rencontre interreligieuse » dont ce travail contribue à définir le contenu. En effet, les préjugés dans ce domaine sont considérables et font de gros dégâts. Il est donc utile d’identifier les convergences et les divergences dans les croyances de deux religions de manière à éviter les comportements et les sujets qui fâchent. Pour ce travail, l’humilité est de rigueur.

Organiser des rencontres multiples semble un résultat majeur de l’atelier, ce qui n’est somme toute pas très étonnant : rencontres conviviales, thématiques, portes ouvertes des églises, des temples et des mosquées, actions communes pour la paix. Avec une condition majeure : le respect mutuel. Au-delà de ces rencontres organisées, il serait bon de multiplier les occasions de se côtoyer au quotidien dans le quartier. Après quelques rencontres, il semble possible d’envisager de prier ensemble, d’abord en silence, puis, lorsque la confiance est établie, à partir de prières ou de textes qui auraient été travaillés ensemble à l’avance.

Compte-tenu rédigé à partir des notes de Bernard CHENEVEZ, membre du conseil des Semaines sociales de France et de Gilles LE CARDINAL.

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